DIMANCHE 11 DÉCEMBRE À 11 H, À LA LIBRAIRIE « LA PLUIE D’ÉTÉ (place de la mairie, 14 rue Entéric, 11140 MÈZE) :

RENCONTRE, CONVERSATION, LECTURE AVEC VALENTINE GOBY,

À L’OCCASION DE LA PARUTION DE SON NOUVEAU ROMAN, L’ÎLE HAUTE (ACTES SUD 2022).

L’ÎLE HAUTE (Éd. Actes Sud, 2022)

Un enfant arrive en hiver dans une région de haute montagne. Parisien il découvre la neige pour la première fois. Un décor impensé, impensable se dresse devant lui, cerné de pics et de glaciers qui par instant se dessinent dans l’épaisseur du brouillard. Là-haut, la nature règne en maître au rythme des saisons, ces cycles immuables au cours desquels des hommes et des femmes, des gosses, aux vies modestes mais d’une humanité décuplée par le sens et la nécessité de leurs tâches, vont partager leur monde avec ce citadin, ébahi.

Un jour d’hiver, le jeune Vadim, petit Parisien de douze ans, gamin des Batignolles, inquiet et asthmatique, est conduit par le train vers un air plus pur. Il ignore tout des gens qui vont l’héberger, quelque part dans un repli des hautes montagnes. Il est transi de fatigue quand, au sortir du wagon, puis d’un tunnel – l’avalanche a bloqué la voie –, il foule la neige épaisse et pesante, met ses pas dans ceux d’un inconnu. Avance vers un endroit dont il ne sait rien. Ouvre bientôt les yeux sur un décor qui le sidère, archipel de sommets entre brume et nuages, hameau blotti sur un replat. Immensité enivrante qui le rend minuscule. Là, tout va commencer, il faudra apprendre : surmonter la séparation, passer de la stupeur à l’apprivoisement, de l’éblouissement à la connais­sance. Con­fier sa vie à d’autres, à ceux qui l’accueillent et qui savent ce qui doit advenir.
L’île haute est le récit initiatique d’une absolue première fois, d’une découverte impensable : somptueux roman-paysage qui emplit le regard jusqu’à l’irradier d’hu­­­milité et d’humanité. Images et perceptions qui nous traversent comme autant d’émotions, nous élèvent vers ces ailleurs bouleversants, ces montagnes dont la démesure change et libère les hommes – et sauve un enfant.

LA PRESSE EN PARLE :

« C’est un de plus beaux romans de la rentrée littéraire » (France Inter, Clara Dupont-Monod, 13 septembre 2022).)

«  C’est une magnifique révérence à la montagne, parce qu’en général, les gens aiment plutôt la mer. Vous voyez, la mer, c’est un peu comme les chats, les lasagnes ou Gandhi : tout le monde aime. Mais la montagne a son petit club de fans, plus discret, mais tout aussi accro.
Alors déjà, moi, le titre, je l’aime beaucoup. L’Île haute, c’est le surnom sublime donné à cette montagne que découvre un petit garçon de Paris qui est le héros du livre. Il s’appelle Vadim. On est en 1943 et Vadim, on l’a mis dans un train, on lui a dit « Désormais tu t’appelles Vincent et rendez-vous quand tout ira mieux ». En gros : « Bon courage ».

Donc il débarque un jour d’hiver. On n’est pas très loin de Chamonix et tout de suite, la montagne ouvre ses bras gelés et Vincent s’y love. Il s’offre au froid et au blanc : « La frontière qui sépare sa peau du dehors s’efface et ce n’est pas désagréable. Il a les doigts gours, les orteils durs, il devient le froid », écrit Valentine Goby.

Alors seul résiste cette pensée : « Je suis le fils de Sophie et de Joseph, je viens de Paris, je ne m’appelle pas Vincent mais Vadim et a priori, je suis une proie pour les Allemands ». Sa nouvelle famille qu’il découvre, ce sont des braves montagnards qui savent qu’un potager, un élevage ou une clôture, ça s’appelle un défi.

Vincent comprend très vite qu’en montagne, tous les gestes sont utiles pour la survie. Alors, par exemple, il se lie d’amitié avec une petite fille qui s’appelle Moinette. Et comme tous les enfants de la montagne, elle ne joue jamais. Parce que coiffer les cheveux de sa poupée ou taper dans un ballon, ça ne sert à rien. Par contre, retourner des fromages, coudre, déblayer la neige, ça c’est utile. Voilà : approche utilitaire de la vie.

Alors, bien sûr, Moinette, elle n’envisage même pas que Vincent/Vadim ne s’appelle pas Vincent et de toute façon, personne ne pose de question. Et c’est ça que permet la montagne. C’est le secret, la cachette, une forme d’amnésie aussi. « Fantôme, on le devient peut-être ici de toute façon, rendu à une modestie radicale, on n’est plus qu’air, lumière, eau » écrit superbement. Valentine Goby.

Vous voyez, on est assez loin d’une montagne dangereuse, majestueusement cruelle, comme on peut lire dans un livre qui s’appelle Premier de cordée (1941) de Roger Frison-Roche et qui est considéré comme le grand livre sur la montagne. Dans Premier de cordée, la montagne engloutit les hommes, elle garde leurs cadavres dans des cercueils de glace. Et d’ailleurs, Frison-Roche parle, je cite, de « banquise polaire au bord d’un océan de ténèbres » (quand même !)

Eh bien, dans L’île Haute, c’est exactement l’inverse : la montagne est maternante, nourricière, refuge. Et donc, là où Frison-Roche raconte que la montagne tue, Valentine Goby raconte la montagne qui protège de la mort. C’est assez intéressant quand même. C’est magnifiquement écrit. En tout cas, ce qui est sûr, c’est que c’est la montagne, l’héroïne principale de ce roman aux sommets. »

Valentine Goby ©Renaud-Monfourny

VALENTINE GOBY Valentine Goby, née à Grasse en 1974, est une écrivaine française. Elle vit en région parisienne.
Après des études à Sciences Po, Valentine Goby a vécu trois ans en Asie, à Hanoï et à Manille, où elle a travaillé pour des associations humanitaires auprès d’enfants des rues. Elle a commencé sa carrière professionnelle chez Accenture où elle a travaillé en ressources humaines de 1999 à 2001.
Elle n’a jamais cessé d’écrire, et publie son premier roman en 2002 chez Gallimard : La Note sensible, qui obtient le prix René-Fallet 2003. Elle devient enseignante en lettres et en théâtre, métier qu’elle exerce en collège durant huit années avant de se consacrer entièrement à l’écriture, et à de multiples projets autour des livres : ateliers, rencontres, conférences, résidences d’écritures en milieu scolaire, détention, en médiathèque, à l’université.
Elle est maître de conférences à Sciences Po en littérature et ateliers d’écriture de 2013 à 2016, conseillère littéraire pour le festival du livre de Metz depuis 2016, et chroniqueuse pour le journal La Croix de septembre 2016 à janvier 2017. Outre ses 13 publications en littérature générale, elle écrit une œuvre importante pour la jeunesse.
Valentine Goby est lauréate de la Fondation Hachette, bourse jeunes écrivains 2002 et a reçu le prix Méditerranée des Jeunes, le prix du premier roman de l’université d’Artois, le prix Palissy, le prix René-Fallet et le prix premier roman de Culture et bibliothèques pour tous de la Sarthe en 2003. Elle a depuis reçu de multiples récompenses pour chacun de ses romans, en littérature générale et en littérature jeunesse.
Publié chez Actes Sud en 2013, son roman Kinderzimmer reçoit 13 prix littéraires l’année suivante, dont le prix des libraires2, et le prix Gabrielle-d’Estrées. Il est traduit ou en cours de traduction en plusieurs langues.
Valentine Goby a été présidente du Conseil permanent des écrivains, vice-présidente de La Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse, administratrice de la SOFIA. Elle est chevalière des Arts et des Lettres. Elle reste très active dans le combat pour le statut d’auteur.
À ce jour, elle a publié quatorze romans en vingt ans.
Aux éditions Actes Sud sont parus Kinderzimmer en 2013, Baumes en 2014, Un paquebot dans les arbres en 2016, puis Murène en 2019. La Fille surexposée, initialement paru chez Alma en 2014, sort simultanément dans la collection de poche Babel.

Par ailleurs, elle a écrit également une bonne vingtaine de romans pour la jeunesse.
En dernier lieu : Tu seras mon arbre, Thierry Magnier, 2018. Réécriture de la métamorphose d’Ovide dans laquelle Daphné se transforme en arbre pour échapper aux ardeurs d’Apollon.
Et L’Anguille, Thierry Magnier, 2020. Réécriture drôle et espiègle de Murène pour les 10-12 ans. Sélection Pépites fiction junior par le Salon du livre et de la Presse jeunesse de Montreuil, Pépites Internationales du SLPJ, Sélection Prix Libraires en Seine, Sélection Prix des Incorruptibles, Finaliste des Petits Champions de la Lecture, Sélection Prix Sésame, Sélection prix Papyrus, Sélection Prix Histoires d’Ados, Sélection Prix Bermond-Boquié salon Atlantide, Sélection Partir et Découvrir Cœur Vert (Saint-Étienne), Sélection Prix Marguerite Audoux des Collégiens, Sélection prix Libre Lire ado de la région lilloise, Sélection Prix Gwalarn Jeunesse, Prix Escapages de l’Indre.

© Alexandre Marchi