Dimanche 17 juin 2018, 15 h

À STUDIO VIA, galerie et école d’Art, 12 rue de Fontcalel, 11700 FONTCOUVERTE

 RENCONTRE

avec EMMANUEL RUBEN, écrivain-géographe

et les artistes présents

 à l’occasion de l’exposition d’art « LE SENTIMENT GEOGRAPHIQUE »

Exposition de 4 plasticiens autour des cartes et de la cartographie

Du 26 mai au 17 juin. Artistes : Claudine Capdeville, Sylvie Romieu, Jean-Louis Bigou et Christophe Barcella.

 

 Entrée libre et gratuite, apéritif offert

 

À propos de Dans les ruines de la carte, d’Emmanuel Ruben (Éd. Le Vampire actif, 2015)

Entre la carte et le territoire, entre le réel et sa perception, il y a toujours un autre monde probable, un potentiel utopique, un réservoir d’imaginaire ; si le peintre ou l’écrivain a tenté la représentation à l’échelle 1/1 de notre monde que les siècles se sont efforcés d’abîmer, c’est au lecteur ou au spectateur qu’il appartient d’en explorer les ruines, d’en retrouver les contours, c’est lui et lui seul qui peut réécrire ou redessiner l’archipel des possibles.

Invitation à explorer l’oeuvre de nombreux peintres et écrivains, de Vermeer à Kirkeby, de Stendhal à Julien Gracq et W. G. Sebald, Dans les ruines de la carte propose une réflexion audacieuse sur les liens entre peinture, littérature et géographie de l’âge classique à l’ère du numérique.

La note de lecture de Dans les ruines de la carte, par la librairie Charybde (Paris) :

Un exceptionnel voyage littéraire et artistique à travers ce que la main trace et explore, ici et au loin.
Publié début octobre 2015 au Vampire Actif, cet essai d’Emmanuel Ruben propose de facto une forme de synthèse provisoire et de commentaire imaginatif d’une œuvre romanesque en cours de réalisation, marquée par la confrontation organisée, rationnelle et pourtant soigneusement rêveuse, de la géographie (à laquelle l’auteur fut dûment formé), de la peinture (qu’il pratique) et de la littérature. En jeu, derrière l’usage de la carte (médium ici privilégié d’un usage du monde) et l’immersion dans les géographies imaginaires, ou plutôt dans leurs points de contact avec le monde, rien moins que nos représentations globales et détaillées, et notre mode de relation à ce qu’il est convenu d’appeler le réel contemporain.

À l’origine de ce livre, il y aurait une double fascination enfantine et le besoin d’un double retour critique. Retour critique sur la pratique de la géographie, retour critique sur la pratique de la littérature. Fascination d’enfant pour les cartes, les atlas, les planisphères, les mappemondes. Fascination d’enfant pour les œuvres d’art, des mosaïques antiques aux installations contemporaines, qui rappellent les cartes, dans leur agencement, dans la lecture infinie et instantanée qu’elles permettent. Fascination pour les livres – et parmi ces livres, pour ceux, peu importent les genres, qui dessinent en vers ou en prose une cartographie poétique, intellectuelle – et témoignent d’une géographie intime

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Emmanuel Ruben, à propos de la géographie et de la littérature (Entretien, publié dans Zone critique du 5 mars 2016)

La géographie, contrairement à l’histoire, possède une dimension onirique évidente. Hier soir, j’ai relu les premières pages de Séraphita de Balzac dans lesquelles il décrit la côte de la Norvège. Son pouvoir d’évocation est si puissant qu’en lisant ce passage on voit les fjords se dessiner, on se met à voir des fjords toute la nuit, on ne peut s’empêcher d’en rajouter dans ses rêves.
Avec Dans les ruines de la carte je suis revenu de façon critique sur mon « éducation géographique » et sur ma fascination enfantine pour les cartes. J’y ai décelé 4 étapes. 4 découvertes géographiques. Première découverte : que la géographie, ça sert d’abord à faire des guerres, pour reprendre le titre de l’ouvrage d’Yves Lacoste. Deuxième découverte : que les frontières sont infinies, donc franchissables. Borges rend compte de cela avec son rêve d’une carte à l’échelle 1 : 1. Un cartographe travaille toujours dans l’approximation, il est obligé de simplifier la réalité. Troisième découverte : que tous les peuples sont imaginaires. La géographie permet également de prendre la mesure de la dimension imaginaire du politique. Un pays commence à exister à partir du moment où on y croit. On invente des nations lorsqu’on a fini d’inventer des territoires. Quatrième découverte : qu’un archipel en cache toujours un autre. Le motif de l’archipel est une belle métaphore de ce point d’intersection entre le politique et le poétique. L’archipel, c’est la vaste mer mais c’est aussi le camp d’internement. Soljenitsyne renvoie à cette double dimension avec L’archipel du goulag. Au fur et à mesure de mes études, j’ai déconstruit mes présupposés. Sous la dimension poétique de la géographie se dessine toujours un imaginaire politique, de même que chaque discours politique s’adresse à un imaginaire collectif.

Emmanuel Ruben est géographe, écrivain et dessinateur. Il est né en 1980 à Lyon. Ancien élève de l’École Normale Supérieure, reçu major à l’agrégation de géographie (2004), il enseigne l’histoire et la géographie à l’étranger où il passe plusieurs années (Italie, États-Unis, Turquie, Lettonie, Ukraine), puis en banlieue parisienne. En disponibilité de l’Éducation Nationale, il est actuellement directeur de la Maison Julien Gracq à Saint-Florent-le-Viel.
Il publie son premier roman, Halte à Yalta, en août 2010.
Parallèlement à la publication de ses livres, il a signé depuis 2013 une chronique mensuelle sur le site Sens Public et collaboré à différentes revues littéraires : Ravages, Edwarda, Possession immédiate, Remue.net. Par ailleurs, il a exposé ses dessins et ses aquarelles dans des galeries et des lieux publics. Enfin, il tient à jour un site Internet personnel (L’araignée givrée, www.emmanuelruben.com) où il dévoile de nombreux dessins et des textes inédits. Ses thèmes de prédilection (la frontière, la mémoire, l’histoire, la géographie, l’utopie, le voyage impossible) se retrouvent notamment dans son troisième roman, La Ligne des glaces (Rivages, 2014). Le livre a été sélectionné pour de nombreux prix littéraires dont le Prix Goncourt 2014.

Publications :
Halte à Yalta, Jbz & Cie, 2010
Kaddish pour un orphelin célèbre et un matelot inconnu, Éditions du Sonneur, 2013
La Ligne des glaces, éditions Payot & Rivages, 2014
Icecolor, éditions Le Réalgar, 2014
Dans les ruines de la carte, éditions du Vampire actif, 2015
Jérusalem terrestre, éditions Inculte/Dernière marge, 2015
Sous les serpents du ciel, éditions Rivages, 2017