SAMEDI 25 MAI 2019, À 17 H
À  SAINT-LAURENT-DE-LA-CABRERISSE (11220)
Ateliers d’artiste Claire Charpentier & Pascal Auger, 19 rue de Fabrezan,  – 04 68 75 41 38

RENCONTRE AVEC LE ROMANCIER JEAN-PAUL GOUX,

à l’occasion de la parution de Sourdes Contrées (éd. Champ Vallon, 2019)

Conversation-lecture-débat

Entrée libre et gratuite. Apéritif de clôture offert – visite des ateliers

Jean-Paul Goux, né en 1948 à Vesoul, est l’auteur d’une œuvre littéraire d’exception, unanimement reconnue par les critiques. Sans bruit, il s’est imposé comme l’une des plus belles écritures de la littérature contemporaine.
Il a longtemps enseigné la littérature à l’université de Tours et vit désormais à Besançon. Depuis la fin des années 70, il a publié une vingtaine d’ouvrages. Son œuvre romanesque est publiée par Actes Sud depuis 1995. Après la trilogie « Les Champs de
fouilles » – Les Jardins de Morgante (Babel n° 390) La Commémoration (1995 ; Babel n° 685), La Maison forte (1999) – Le Séjour à Chenecé (2012) clôt la trilogie « Les Quartiers d’hiver », qui, entamée avec L’Embardée en 2005, s’est poursuivie avec Les Hautes falaises (2009). Sur la mémoire ouvrière des ouvriers de Montbéliard et Sochaux, il écrit Mémoires de l’enclave (Actes Sud « Babel », 2003).
Chez Champ Vallon, il a publié La Jeune Fille en bleu (1996) et La Fabrique du continu. Essai sur la prose (1999).
En janvier 2019, il fait paraître Sourdes contrées (éd. Champ Vallon).

« Jean-Paul Goux est aussi obstiné que ses personnages. Il poursuit la quête d’un absolu qui ne se dit jamais, d’une transcendance qui refuse l’au-delà et ne se préoccupe que de ce qui, dans notre univers bien terrestre avec ses herbes à couper, ses arbres à planter et ses murs à consolider, peut traverser le Temps jusqu’à l’atteinte d’une vérité infinie tout autant qu’indéfinie : « Les vraies révélations, peut-être ne nous révèlent-elles rien sur le moment,
peut-être ne deviennent-elles bouleversantes qu’après coup, lorsqu’on découvre qu’elles sont inépuisables à mesure qu’on apprécie la puissance de leurs effets ? »
Aliette Armel, L’Obs (à propos Du Séjour à Chenecé, Actes Sud,
2012)

« Jean-Paul Goux est aussi attentif à la vibration des mots. Ce lecteur subtil de Julien Gracq défend le roman comme une fabrique du continu et une voix sans repos […]. La phrase […] de Goux s’installe dans l’héritage de Proust, de Henry James, de Claude Simon et
surtout de Julien Gracq. Englobante, elle traîne le lecteur dans sa progression presque angoissante vers on ne sait quelles limites. »
M. Bruno Vercier, Dominique Viart, La Littérature française au présent, Éd. Bordas, 2008

« Depuis Les Champs de fouille (Les Jardins de Morgante, La Commémoration, La Maison forte, Actes Sud, 1989, 1995, 1999), et dans la plupart de ses textes, Jean-Paul Goux explore les souvenirs perdus, les instants abîmés. Il les arrache aux strates du passé. Les met en correspondance. En regards croisés. La Trilogie des Champs de fouille réunissait un jardinier, un philosophe, un photographe et (déjà) un architecte, occupés à l’inventaire avant destruction du domaine d’un poète du XVIe siècle. »
Le Monde 25 janvier 2019, Xavier Houssin, « La mémoire de l’autre », critique sur Sourdes Contrées.

À PROPOS DE SOURDES CONTRÉES :

Présentation de l’éditeur :
« Au soir de ce jour-là, j’ai résolu de garder une trace de ce qui arrivait, qui avait commencé, sans que je sache vraiment ce qui avait commencé. » C’est une réflexion intime, tout intérieure que « note » le narrateur de ce roman au charme puissant qui interroge le « colombier de la mémoire », cette volière d’où s’échappent trop souvent les pigeons du souvenir. Après tant d’années riches de leurs mémoires partagées, Vivien est profondément troublé lorsque Julie, sa compagne architecte, évoque des souvenirs très précis de chantiers qui n’ont pour lui aucune réalité, et qu’il met en doute. Le monde clos de leur entente amoureuse et intellectuelle ouvert sur le jardin et ses ciels se fragilise, soudain menacé par la traversée inquiétante de ces « sourdes contrées » que fabrique à notre insu le Temps qui passe. Qu’il s’agisse d’un être ou d’un projet d’architecture, quelle est la réalité de nos souvenirs dès lors qu’ils sont aussi nourris de nos rêves et de nos rêveries ? ce sont ces  troublantes confusions que scrute Jean-Paul Goux dans ces « notes » teintées d’une mélancolie non dénuée d’ironie, et dans une langue somptueusement poétique. »

LA PRESSE EN PARLE :

Le Monde 25 janvier 2019, Xavier Houssin, « La mémoire de l’autre – À Vivien, Julie se met à raconter d’improbables souvenirs. Sur la fuite du temps, Jean-Paul Goux puissant » :

« Il est des réveils qui ne parviennent pas à dissiper le profond de la nuit. Et qui laissent tout
envahi, tout poissé des images des rêves. Où les visions l’emportent sur la réalité, laissant le jour douteux. Qui sait ce qui existe ? Ce qui a existé ? Sourdes contrées, le dernier roman de Jean-Paul Goux, explore ces mouvantes frontières. Entre Julie et Vivien, un déconcertant trouble a commencé de s’installer. Alors qu’ils sont, depuis leur rencontre, censés s’être tout dit, tout confié, la jeune femme, architecte, se met à raconter à son compagnon d’improbables souvenirs. Ceux de son enfance, de son adolescence et de son premier amour dans une grande propriété, Mérande, dont le nom reste à Vivien totalement inconnu. Là, pourtant, insiste-t-elle, se trouve l’intime creuset de son être, de ses émotions, de ses élans, de son métier, de sa vocation.  » Depuis le temps que je t’en parle « , lui dit-elle. Sauf que cela ne lui évoque
rien. S’il émet des doutes, elle s’emporte.
La confusion des impressions
Du coup, il se tait.  » Que faire, Julie, qui soit meilleur que mon silence quand je t’écoute ?  » Et il écrit, pour elle. Il prend note, afin de lui porter témoignage de cet énigmatique moment. Quand elle sera revenue de sa  » fugue « , ainsi qu’il appelle cette échappée qui l’inquiète, qui l’empoisonne même, au point qu’il ne sait plus si ce n’est pas lui qui ¬serait frappé d’une incompréhensible amnésie.
Sourdes contrées, qui tient son titre du recueil de Supervielle Oublieuse mémoire (Gallimard, 1949) et de son poème éponyme (« Pâle soleil d’oubli, lune de la mémoire,/ Que draines-tu
au fond de tes sourdes contrées ? »), est un texte envoûtant sur la fuite du temps. Sur la confusion des impressions. Des sensations et des images. Tout se mêle. Les lieux, les années s’enchevêtrent comme les taillis d’une friche. Enfin, arrive un jour où l’on ne sait plus bien.
Dans ses chantiers d’architecte, Julie a ausculté bien des vieilles demeures, et pour les
redresser, a cherché leur secret, leur âme enfouie. Les histoires, partout, étrangement se ressemblent. Les hautes grilles, les murs anciens et les toits fatigués. Reste cette impression vague, impossible à comprendre, d’entrer, à chaque fois, en pays familier.
Regards croisés
On retrouve cette épaisseurs des demeures, cet entrelacs des arbres au touffu des jardins dans Sourdes contrées. L’écriture, chargée d’une incroyable puissance d’évocation, est dense, scandée. Elle porte des voies intérieures, des murmures. S’accroche au moindre écho, à la moindre alarme, à la moindre vibration.
 » Si j’ai oublié tes souvenirs qui étaient devenus les miens depuis le temps que tu me les faisais partager, c’est que je perds la mémoire « , s’inquiète Vivien. À moins que toute l’histoire soit une fable. Ou un rêve. Reste alors qu’il faut peut-être se poser la question d’Alice au retour de son expédition de l’autre côté du miroir :  » Qui a rêvé ? « . »