VENDREDI 7 FÉVRIER 2020, À 19 H, LIBRAIRIE MOTS & CIE (37 rue G. Clémenceau, 11000 Carcassonne ; 04 68 47 21 44 ; http://librairie.motsetcie.over-blog.com) :
RENCONTRE – LECTURE, CONVERSATION DÉBAT
– AVEC L’ÉCRIVAINE FLORENCE DELAPORTE, À L’OCCASION DE SON NOUVEAU ROMAN, HORS D’ICI (Cherche-Midi éditeur, janvier 2020)
Entrée
libre et gratuite – Apéritif de clôture offert
Florence Delaporte, née à Rouen en 1959, est traductrice et écrivaine. Elle est vit et travaille à Bordeaux, comme responsable du Pôle Bibliothèque à l’Agence du Livre, Cinéma, Audiovisuel Nouvelle Aquitaine.
Elle se passionne pour l’écriture dès l’enfance et écrit ses premiers textes à huit ans. Elle fait ses études aux États-Unis, en Allemagne puis en France. Assez nomade. En février 2019, Florence Delaporte est en résidence de création à LUCIOLE.
Elle publie son premier livre en 1996. Puis elle écrit cinq romans, dont le premier, publié en 1998, Je n’ai pas de château, obtient le Prix Wepler. La Chambre des machines (2005) puis Terre neuve (2010) interrogent, non sans humour, ce qui fonde la ténacité de femmes qui apparaissent fragiles et confrontées à la solitude, face à un monde où la loi de la jungle prédomine, où tout est jeu de miroirs et de masques.
Elle écrit également des textes pour la radio, pour la jeunesse, pour la peinture.
Florence Delaporte conçoit « l’écriture comme élucidation du réel, mais aussi comme
matière : j’aime partager la pâte de la langue, le jeu polysémique, le jonglage
amoureux de la langue. »
Elle publie en 2013, suite à sa maladie un récit autobiographique, Deux livres de chair. C’est l’histoire d’une reconstruction.
Son dernier roman paru, Hors d’ici, sort en janvier 2020 aux éditions du Cherche-Midi.
Bibliographie :
Récits, romans pour adultes :
Sœur Sourire. Brûlée aux feux de la rampe, Plon,
1996
Je n’ai pas de château, Gallimard, 1998, Prix Wepler 1998
Le Poisson dans l’arbre, Gallimard, 2001
Les Enfants qui tombent dans la mer, Gallimard, 2002
La Chambre des machines, Gallimard, 2005
Terre Neuve, Gallimard, 2010
Deux livres de chair, François Bourin Éditeur, 2016
Hors d’ici, Cherche-Midi éditeur, janvier 2020
Littérature Jeunesse :
À quoi rêve Crusoé ?, Éditions du Rouergue, coll. « Dacodac », 2012
Amour ennemi, Paris, Éditions Oskar, 2013
Lewis Carroll, Petite Alice aux merveilles, traduction, Gallimard Jeunesse, 2013
À PROPOS DE L’UNIVERS ROMANESQUE DE FLORENCE DELAPORTE :
Terre Neuve (Gallimard, 2010) est un roman à l’image des vagabondages de Florence Delaporte.
Deux femmes, deux univers s’affrontent dans une petite ville de Terre-Neuve. Les secrets de la terre, l’amour des hommes et le sang des bêtes pèsent alors de tout leur poids. C’est ainsi que la légende islandaise de Freydis, la fille d’Erik le Rouge, s’incarne dans la lumière jaune de l’automne boréal.
À travers l’histoire d’une jeune archéologue et de sa logeuse affleurent des mystères anciens et des peurs contemporaines dans un récit épique qui interroge ce qui nous fonde.
La Chambre des machines (Gallimard, 2005) est le récit de la difficulté d’exister pour une femme timide, mais tenace, dans une société où chacun est tenu de jouer un rôle important, où la lutte des places règne. «Sa vie dès les premiers jours a tenu à un fil. Lequel ? Le fil de trame ! Un fil de soie peut-être, comme celui que tenait Mansour derrière Shéhérazade, parle ou meurs, petite, mais voici l’aube, il faut tenter de vivre. Alors elle se raconte des histoires, un vrai tissu de mensonges. Le fil de chaîne a tenu bon, elle entre maintenant dans le droit fil de sa vie, est-ce qu’elle a fini par se fabriquer une armure ? On dirait qu’elle s’oriente comme
une canette sur son axe de rotation, va-t-on en voir de toutes les couleurs ce soir ? « Pendant qu’on prépare un vernissage au musée du textile de Belarbre, gens, bêtes et machines se montrent tels qu’ils sont vraiment. La directrice court toute nue à cinq heures, le chat s’envole en haut du frigo, l’effilocheuse raconte la peur de vivre et les gens importants resserrent leur
cravate devant le micro. Un petit monde presque normal qui oscille entre le plaisir de nuire et l’enchantement, l’attente de l’amour, de l’éternité. Jusqu’à la nuit qui apporte sa moisson de surprises.
« On la voit combattre le vide. On a su tout de suite que sa bataille c’était d’essayer de se maintenir entière. […] c’est quelqu’un qui emploie sa vie à ne pas sombrer. À gagner des petits combats contre la peur.. […] Elle dit qu’elle a peur de l’arrogance contondante des gens de
pouvoir, mais c’est toujours de la même chose qu’il s’agit : la destruction qui la menace. Elle n’a pas appris à garder son territoire, à rendre coup pour coup, à retourner les critiques, à montrer sa force. La solitude ne le permet pas. Il faut un clan, il faut de l’approbation, des signes d’appartenance donnés dès le début pour ne pas faire l’expérience du vide tout autour de soi, de l’absence d’appui. » (La Chambre des machines, p. 57-58).
HORS D’ICI, Le Cherche-Midi éditeur, janvier 2020 :
Élevée dans une famille bourgeoise désargentée, Jeanne a subi, comme ses frères, la violence d’un père sans pouvoir trouver de soutien et de réconfort auprès d’une mère effacée. Lorsqu’elle rencontre, lors d’un voyage scolaire aux États-Unis Matt, un jeune avocat, elle tombe amoureuse et espère le rejoindre pour échapper au milieu familial. Matt lui promet une vie rangée dans une petite ville des Grands Lacs américains tout en poursuivant ses
études dans une petite université. Mais à 19 ans, est-ce ce que recherche cette jeune fille qui aspire à l’indépendance ? Florence Delaporte questionne, dans ce roman, les meurtrissures de l’enfance, les traces laissées dans un milieu où rien ne transparait vis à vis de l’extérieur.
Elle se souvient de ce moment, et d’avoir pensé nettement : « Il nous détruit. » Elle avait onze ans, sa sœur n’était pas loin, elle a compris qu’elle avait déjà été écrabouillée par le vieux, et que c’était son tour. Il hurlait, déchaîné, pour une bricole, et prononçait des mots affreux qui avaient rompu quelque chose. C’était comme casser du cristal, une membrane fragile, quelque chose qui aurait pu grandir.
Rien ne peut enfermer Jeanne. Ni la violence du père qui lamine sa famille ni l’amour de Matt, qui lui offre les Grands Lacs et la clef d’une maison. Maintenant, alors qu’elle n’a pas vingt ans, elle va devoir choisir ce qu’elle abandonne.
Mais peut-on se défaire de tout ? Qui est-il vraiment, cet homme malheureux à en frapper ses enfants ?
Faire comme si les coups, les hurlements, les insultes, ça ne faisait rien, comme si on pouvait trouver ça normal, ça serait le mensonge le pire, ça serait sa victoire à lui, insupportable. C’est pour ça qu’elle réagit de toutes ses forces quand il la frappe. Si elle ne lui renvoyait pas sa douleur en pleine face, elle ne s’en débarrasserait jamais.