Dans le cadre du « Printemps des Poètes »…

VENDREDI 13 MARS À 18 H,

À LA MÉDIATHÈQUE DE SAINT-LAURENT-DE-LA-CABRERISSE (11220) :
RENCONTRE
avec JACQUES MOULIN
LECTURE-CONVERSATION AUTOUR DE SES POÈMES

Cette manifestation est réalisée avec l’aide du CNL

Né en 1949 en Normandie, Jacques Moulin est poète et vit en Franche-Comté.
Il est l’auteur d’une quinzaine de recueils. Il collabore à de nombreuses revues, aux côtés entre autres de Michel Deguy, James Sacré ou Jacques Réda.
Également passeur et critique, Jacques Moulin anime depuis 2011 des rencontres de poésie contemporaine francophone à l’Université ouverte de Franche-Comté, en collaboration avec Élodie Bouygues, maître de conférences en littérature. Baptisées « Les Poètes du jeudi », ces soirées succèdent aux « Jeudis de poésie », cycle qu’il a cofondé et animé pendant 11 ans avec le poète Bertrand Degott.

Jacques Moulin

Sa poésie n’est pas seulement une manière de dire, c’est aussi une façon de voir, de faire naître le monde.
Au-delà de certaines similitudes de ton et de forme d’un recueil à l’autre (ponctuation raréfiée ou absente, blancs typographiques marquant le rythme au sein du vers et délimitant de brèves unités prosodiques…), les poèmes de Jacques Moulin expriment chaque fois le désir de se rapprocher d’un objet singulier, d’établir avec lui un rapport renouvelé dans un travail spécifique de la langue. Laurent Fourcaut le formule en ces termes à propos du recueil Entre les arbres :
« Lire Entre les arbres, c’est reprendre avec joie conscience que l’objectif de la poésie, ou même sa raison d’être, c’est de reconquérir le réel en lessivant la langue, en la nettoyant de l’aliénation des formes d’une perception domestiquée […]. Ainsi Jacques Moulin s’efforce-t-il d’abord de capter quelque chose de l’arbre […] dans une parole remaniée, reprise en toucher de main, où la découpe tactile du rythme et l’ébranlement de la syntaxe jouent un rôle majeur. » (Laurent Fourcaut, « À propos de deux recueils de Jacques Moulin », Place de la Sorbonne,‎ 6 février 2014).

Ce renouvellement permanent de l’approche poétique transparaît à la fois dans la multiplicité des formes utilisées (formes libres ou canoniques, comme le rondel, vers libre ou mètres traditionnels) et dans la diversité des objets.
Jacques Moulin écrit sur ses passions, son environnement familier, sur l’immédiatement visible (la nature dans Entre les arbres, À vol d’oiseaux, Comme un bruit de jardin, les ports industriels et marchands dans Portique…), mais il recherche non moins la différence et la nouveauté. Ainsi À la fenêtre du Transsibérien offre le récit en proses de son voyage à bord du Transsibérien, un journal de cabine habitée jour et nuit, de Moscou à Pékin en passant par le lac Baïkal et Oulan Bator. Et son recueil intitulé Journal de Campagne, qui est issu d’une résidence à Uffholtz (Alsace), constitue un parcours en réflexion sur les notions de mémoire, de passage vers l’autre, de vis-à-vis, d’identité et de porosité.
Jacqueline Michel a exprimé fortement cette aptitude à l’ouverture :
« Entrer dans la poésie de Jacques Moulin, c’est […] se laisser surprendre par un détail plutôt banal du paysage familier qui, soudain, gagne intensément en signifiance : tels le galet en ses rondeurs, le marron en sa sombre brillance, le cerisier en son rougeoiement. Cheminer dans les écrits de Jacques Moulin, c’est découvrir un univers poétique en mouvement, tissé de paysages naturels, familiers, accordé au passage des saisons. » (« Note de lecture sur A vol d’oiseaux », par Jacqueline Michel », revue numérique Poezibao, 12 juillet 2018).

Cette passion de la différence se manifeste encore dans une intense activité de compagnonnage artistique. Jacques Moulin a notamment réalisé de nombreux livres pauvres et livres d’artistes en collaboration avec différents plasticiens. Mais cet intérêt pour les autres formes artistiques atteint peut-être sa plus haute expression dans Écrire à vue (2015), recueil où le poète observe à l’œuvre des artistes rencontrés par l’intermédiaire du Centre régional d’art contemporain de Montbéliard :
« Entrer sans effraction dans la vérité de leur monde. Prendre langue avec. À la lettre sans heurt. S’ouvrir au registre des lieux dans le foyer des couleurs la géométrie du trait l’élan des volumes le geste d’espace. Pénétrer l’écran des neiges celles de l’œil tenu dans son blanc. Incapable de se grandir avant que de se regarder par le dedans. Une attente en allée vers leur monde depuis là. » (Écrire à vue, texte inaugural).
Dans son analyse du recueil À vol d’oiseaux, Jacqueline Michel suggère que cette quête de l’autre a partie liée à une quête de soi, et fait jouer en vis-à-vis les termes complémentaires d’identité et d’altérité :
« Un poète « raconte » son rapport d’être au monde des oiseaux et, ce faisant, esquisse une manière d’être à soi-même. […] Ce rapprochement soulève évidemment la question, au sujet des poèmes de A vol d’oiseaux, d’une forme d’écriture de soi singulière, détournée, qui ne serait pas figée dans le moule du genre dit autobiographique, qui n’aurait rien à voir avec un repli sur soi à caractère plus ou moins narcissique. […] À vol d’oiseaux témoigne de la nécessité chez le poète, de s’écrire non pour se décrire, mais pour s’interpeller dans la rencontre avec ce qui est autre, pour s’ouvrir sur l’espace d’un dépassement / effacement. »

Jacques Moulin en lecture

Derniers ouvrages parus :
Sauvagines, La Clé à molette, 2018
L’Épine blanche, (images de Géraldine Trubert), L’Atelier contemporain, 2018
Un galet dans la bouche (images de Vincent Rougier), Rougier V., 2017
Écrire à vue, éditions L’Atelier contemporain / Le 19, Crac, 2015
Journal de campagne (images de Benoît Delescluse), éditions Æncrages & Co, 2015
À la fenêtre du Transsibérien (images de Maurice Janin), L’Atelier du Grand Tétras, 2014
Portique (images peintes d’Ann Loubert), L’Atelier contemporain, 2014.
Comme un bruit de jardin, éditions Tarabuste, 2014
Entre (coécrit avec Mira Wladir), éditions Le Miel de l’Ours, 2013
À vol d’oiseaux (images peintes d’Ann Loubert), L’Atelier contemporain, 2013
Entre les arbres, éditions Empreintes, 2012.

LE LIEU : LA MÉDIATHÈQUE DE SAINT-LAURENT-DE-LA-CABRERISSE :