» PRINTEMPS DES POÈTES » 2020
DIMANCHE 22 MARS À 16 H,
SALLE DES ASSOCIATIONS, ancienne mairie, place de la Halle, LAGRASSE (11220)
VALÉRIE SCHLÉE LIT SES POÈMES
Valérie Schlée, née en 1966 dans une bibliothèque, travaille en binôme avec peintres et
musiciens, donne des lectures publiques. Elle vit à Gruissan dans l’Aude et travaille à la librairie Libellis de Narbonne. Elle publie des recueils de poèmes et collabore à des revues littéraires : Brèves, Apulée.
Par ailleurs, elle anime des ateliers d’écriture depuis 1998 (Diplôme Universitaire d’Animation d’Ateliers d’Écriture/Montpellier).
Elle pratique la lecture à voix haute depuis 1996. Elle rencontre des groupes en médiathèques, milieu scolaire, pénitentiaire, maison de retraite, etc..
Ses ateliers et formations à la lecture à voix haute : Professeurs documentalistes collèges et lycées (ANDEP et DAFPEN), Diplôme Universitaire d’animation d’atelier d’écriture (SUFCO Montpellier), Lire et faire lire (Carcassonne et Nevers), collégiens et lycéens (Bibliothèque Départementale de l’Aude et CDDP de l’Aude, collèges et lycées), Assistantes maternelles (Canopé Carcassonne) Médiathécaires (BDA).
Bibliographie :
– La Vie est une chienne noire, éd. Dumerchez, 2015 (poésie).
– Exercice de solitude, éd. Rencontres, 2011.
– On ira tous dans le ruisseau, éd. L’Art dans le ruisseau, 2011.
– Le Silence en soi un galet, suivi de Un homme sort de terre, éd. Potentille, 2008.
– Quelqu’un respire derrière moi, acryliques Christian Hadengue, éd. Le suc & l’absinthe, 2007 (livre d’artiste).
– Il faudrait se quitter tous les jours, éd. Gros texte, 2007.
– Un objet silencieux, coauteur Edith Azam, éd. Le suc & l’absinthe, 2006, rééd. Gros texte, 2008 (poésie).
La poésie qu’écrit Valérie Schlée, raconte des histoires. La Vie est une chienne noire est celle d’un frère et d’une sœur, de leur langue commune arrachée au corps, de leur rapport au désir. Cette langue étrangère et intime fait état d’une sorte de scène primitive : celle dont chacun a pu faire l’expérience en tuant un animal, aussi petit soit-il, par peur le plus souvent. Dans la proximité palpable des bêtes et de la nature, on franchit avec eux les lieux d’éclosion, les espaces de destruction, le rapport à la vie à la mort, et puis l’amour encore et toujours à nommer.
À propos de La Vie est une chienne noire :
» Ce livre en mains, malgré sa modeste et mince apparence, on ne doutera pas qu’il s’agisse-là d’une rareté. D’abord parce que pour y pénétrer il faudra retrouver des gestes anciens et trop oubliés d’ouvertures. Il faudra en effet, couper, séparer, inciser, pour entrer dans le vif, une belle définition, en somme, de la poésie.
Car c’est bien à cela que nous convie Valérie Schlée. La vie est certainement ce que l’on veut qu’elle soit et, qui de nous n’a jamais dit, hurlé, murmuré au moins une fois, “chienne de vie !!”, façon de nommer, vaine conjuration, la mort imprévue, la maladie, le désamour, l’injustice, l’échec ; en bref, la vie comme elle est ou comme elle se découvre à un moment ou un autre, animale et sombre.
Aussi cette soixantaine de pages assumera le poids de son ambition, celle de dire les destins séparés, avec leurs fulgurances et blessures, en un seul récit. Long poème dont le rythme, la rigueur des mots et de la versification, servent des vérités toujours brûlantes, osant les risques de l’insondable déchirement, ou ceux de la traque du secret intime jusqu’à cette vérité des livres sous les taies d’oreiller de l’enfance.
C’est un récit, c’est une histoire ; il y a une narratrice, un frère, une mère, des enfants, des chiens, du ciel, de la nature. On y parle de la mort et de ce qui retient la vie, de ce qui fait l’espoir, ce soleil qui arrive et qui va déborder et de qui l’aura nié. Valérie Schlée nous donne ainsi à voir des moments de vie dans une écriture digne, qui ne cherche ni l’exemplarité ni la compassion. La première intuition était la bonne, c’est là un texte rare, et un grand texte. »
Daniel Bégard, Olé Magazine culturel, 4 février 2015
Extrait du poème : il faudrait se quitter tous les jours (publié dans la revue Liqueur 44 n°77/76) :
je sais très bien d’où je viens
sans doute je ne sais pas aimer
aujourd’hui mes mains sont vieilles
le bruit de la mer m’étouffe
le soleil rapièce les possibles
l’écume dans le vent frissonne
mes chaussettes montent à mi-cuisse
il faudrait aller marcher
tu es là et tu n’es pas là
les lames du parapet sifflent
un air simple souvent le même
il fait chaud sur mon visage
les yeux éblouis je ne te vois pas
je tousse l’amertume en solitaire
une femme passe avec un enfant
un phare clignote dans ma tête
ce soir son double me fera signe au large
je ferme les yeux une mouette regarde
elle attend que je ne penche plus
les ombres rétrécissent le monde
je pense à l’amie sous le climat continental
à sa soif immense de l’écume
du soleil blanc sur le mur
mes cheveux derrière mes oreilles se reposent
une voiture descend la côte rocheuse
il faudrait partir maintenant
je chante india song en sourdine
je ne t’entends plus vraiment
tu m’as enfermée sur le balcon
les mimosas sont à l’intérieur
mon dos est froid contre le dossier
un camion citerne roule en contre-bas
cela alourdit l’espace
une foulque sur l’eau vadrouille
un chien se laisse pousser par le vent
il avance par bonds comme un crabe
des mots abstraits me traversent
il y a ceux qui portent des lunettes de soleil
celles dont les yeux brûlent je les désire
je vais leur dire qu’elles sont belles
si j’ose si je peux je les embrasse
mais là je suis seule mes yeux sont nus
la rosace de l’église me donne le tournis
il faudrait s’empêcher de voir