SAMEDI 6 MAI À 17 H, AU RESTAURANT L’ALADIN (51 rue de la Parerie, 11100 NARBONNE en face du parking du Bourg), RENCONTRE-DÉBAT AVEC MARIE COSNAY ET MOUHAMED SANOUSSY FADIGA : « ÉCRIRE LA SOUFFRANCE ET LA RICHESSE DES CORPS », autour de l’enjeu « migrations, exil, vies et morts ».

En partenariat avec le Pôle Aude-Roussillon des Forums du Champ Lacanien.

Entrée libre et gratuite.

 Cette rencontre-débat est suivie, pour celles et ceux qui le souhaitent, d’un DÎNER SUR PLACE, à partir de 19h. Inscription préalable obligatoire : contact@luciole-universite.fr, en précisant le plat que vous voulez : un tajine (à partir de 19,50 €) ou un couscous (à partir de 14,50 €).

Cette rencontre-débat sur « Écrire la souffrance des corps » est la suite de la première rencontre-débat qui a eu lieu à l’Aladin en décembre 2022 avec Arno BERTINA.

Marie Cosnay

MARIE COSNAY est écrivain et traductrice. Elle a été professeur de lettres classiques, à Bayonne où elle vit. Désormais, elle se consacre uniquement à l’écriture. Elle a publié une trentaine de livres, depuis la parution en 2003 de Que s’est-il passé ? (Cheyne éditeur). Elle traduit des textes antiques ; ainsi les Métamorphoses d’Ovide (éd. de l’Ogre, 2017).
Le travail de Marie Cosnay est remarquable par sa manière très singulière d’articuler la
forme, d’une précision et d’une exigence rare, à la réflexion politique et sociale, toujours très engagée. Le langage est chez elle un outil, voire une arme, qu’elle déploie dans tous ses aspects, avec des projets littéraires toujours très ancrés dans les réalités de notre temps. Ses textes témoignent de ce qu’on voit à l’œuvre, de ce que fabrique la politique d’hier et
d’aujourd’hui.

LE LIVRE : Des Îles II – Îles des Faisans 2021-2022 (Éditions de l’Ogre, 2023)

Que fait la politique d’immigration européenne aux liens, aux familles et aux corps ? Comment permettre aux enfants arrivés sur le territoire européen de rejoindre les leurs, comment permettre aux familles des morts en exil de les pleurer et de leur choisir une sépulture ?
Les enfants et les morts nous posent les mêmes questions et révèlent les choix politiques d’une époque, qui violent les droits humains les plus élémentaires. Et c’est à ces histoires de familles, à ces enfants des Canaries et à ces morts de l’Île des Faisans et du Pays basque où elle réside, que Marie Cosnay consacre ce deuxième volume de Des Îles.
Affrontant les cauchemars administratifs de l’Union européenne, Marie Cosnay contribue, à sa hauteur, à rendre les familles aux familles et la dignité à ceux qui ont perdu la vie dans leur tentative de libération par l’exil. C’est le récit de ces tentatives, parfois couronnées de succès – énormes à l’échelle d’une vie, minuscules à l’échelle globale –, que Marie Cosnay nous livre ici, au rythme fiévreux de son écriture.

La presse en parle :

Bertrand Leclair, Le Monde des livres, le 05 janvier 2023 :
« Marie Cosnay sur le brèche », « Un texte profondément nécessaire »
« Marie Cosnay invente au fil des urgences un genre nouveau, à la croisée du témoignage engagé et d’une réflexion de fond sur la notion de frontière, qui parfois se joue entre la vie et la mort. »

Thierry Guichard, Le Matricule des anges (entretien avec Marie Cosnay) :
« Des Iles, c’est un livre d’archives pour servir au futur mais aussi écrit dans un grand sentiment d’urgence, c’est un livre au présent. Avec son projet Des îles, qui devrait comporter trois volumes, Marie Cosnay a commencé l’instruction d’un procès à venir, mais elle tente surtout de sauver, par les mots, les âmes des disparus. »

Jean-Philippe Cazier, Diacritik, « Marie Cosnay, Antigone  aujourd’hui » :
« Ces récits composent la silhouette d’une Antigone contemporaine, reconnaissant son destin et acceptant ce destin qui la pousse à désobéir, à ne pas entendre, à ne pas croire le discours du pouvoir, à créer son propre discours qui inclut ceux et celles que le pouvoir exclut ou condamne. »

Pierre Perrin, Sud-Ouest :
« Marie Cosnay documente par la littérature le naufrage total des politiques migratoires européennes. Marie Cosnay construit, avec la trilogie « Des îles » une œuvre littéraire et documentaire sur un phénomène historique . »

Les autres publications récentes de Marie COSNAY :

Comètes et Perdrix (éditions de l’Ogre, 2021) : géopolitique-fiction de l’affaire Finaly. L’écrivaine reprend à zéro cette affaire d’enlèvement d’enfants juifs en 1953, qui fit grand bruit.

 Des îles 1. Lesbos 2020, Canarias 2021 (éditions de l’Ogre, 2021)
Voilà le récit des deux séjours d’enquête que Marie Cosnay a réalisé pour observer au plus près, sur le terrain ce qui se passe dans les deux principaux territoires européens d’arrivée des exilés qui ont franchi les mers pour solliciter l’hospitalité de l’Europe : l’île de Lesbos en Grèce et l’île des Canaries en Espagne.
Que fait la politique d’immigration européenne aux liens, aux familles et aux corps ? Comment en rendre compte ? Que faire de la question des disparus ? L’Europe est pleine de fantômes, et c’est à partir d’eux que Marie Cosnay mène, depuis des années, un travail de terrain, et collecte la parole et les histoires des exilés.
Avec Des îles, Marie Cosnay se saisit de ce matériau rare pour tisser une réflexion magistrale autour des acteurs de la migration, avec un infini respect pour leur parole, leur capacité d’agir et leur dignité.
C’est là le premier volume d’une série d’ouvrages consacrés à une histoire orale de l’exil vers l’Europe, entre enquête de terrain et récit documentaire. Des îles est une œuvre d’une force politique et littéraire saisissante.
« Marie Cosnay, ‘Mon livre est une observation géographique de ce qu’une politique absurde fait aux individus’ », dans l’émission Par les temps qui courent, par Mathilde Wagman, France Culture : « C’est une part importante de ma vie d’être sensible à ma frontière et aux frontières, tout comme je suis sensible à l’inégalité radicale à laquelle nous sommes confrontés, moi qui peut aller où je veux avec mon passeport, alors que d’autres ne le peuvent pas. L’écriture avait toujours été un endroit de traduction ou de fiction, mais jamais un endroit dans lequel je pouvais faire récit des histoires qui m’arrivaient. Je pense que si je fais récit aujourd’hui de mes enquêtes autour des paroles des migrants, et de ce qu’on fabrique aux frontières, c’est parce que ça nous dépasse et que c’est urgent. » 

Nos corps pirogues (édition L’Ire des marges, 2022)
Sur les bords de l’Adour, dans un jardin-refuge où se mêlent les langues et les récits d’exil, un enfant apparaît. Il vient de Guinée-Conakry. Il a traversé plusieurs frontières avant d’arriver en France, au Pays basque, où Marie Cosnay croise sa route en 2017.
Après l’épopée du voyage, c’est une nouvelle bataille qu’il doit livrer pour faire reconnaître sa minorité auprès de l’administration française : un parcours fait d’incohérences, d’injonctions folles – être clair avec son histoire -, et d’espoir déçus.
« Mais la route ne compte pas s’arrêter, elle ne se pense pas avec l’arrêt. La fuite et le passage comme création. C’est ce que sait et porte l’enfant depuis dix-sept ans qu’il est né. Je vais tout recommencer, je vais recommencer l’entretien social, je vais répondre aux questions, tu veux mon histoire, alors prends mon histoire, tu veux que je te dise ce que je sais alors je te le dis, (…), j’ai sans doute mal répondu aux interrogatoires mais je vais tout répondre et tu verras, je serai un enfant. »

* MOUHAMED SANOUSSY FADIGA :

Né en 1998 en Guinée Conackry, Mouhamed Sanoussy Fadiga, aussi connu sous le surnom de Bassékou, descend de l’avion à Marignane le jour de ses dix-huit ans. Personne ne l’attend, mais il est là pour devenir footballeur en Europe. Un sur Mille, qui retrace son parcours, constitue sa première expérience littéraire.

 LE LIVRE : UN SUR MILLE, Éditions DACRES, collection « Ces récits qui viennent »
Ouvrage réalisé en partenariat avec le laboratoire MIGRINTER (CNRS, Université de Poitiers) et l’Observatoire de la Migration de Mineurs.

On voulait tous devenir footballeur professionnel. […] Alex « Ronaldinho », Omar « Araba » (fais-le ! en soussou), Omar Savane « Taribo », Mamadi « Snake », Mamadi « Zidane », Kolo « Yinnè » (esprit surnaturel en soussou), Lincoln « Yali-Yali », Omar « Kluivert », Solo « Sinto », Laso « Sola », Tonio « Toni », et Momo « Sétaré » (pauvre en soussou), ceux-là, ils sont morts… D’autres sont aujourd’hui en route vers la mer pour traverser et rejoindre l’Europe.

Bassékou raconte son parcours extraordinaire, de sa vie de « préféré » en Guinée au Sénégal, de fêtes en entraînements, de deuils en aventures amoureuses, de Dakar à Marseille, de Marseille au plateau Matheysin, en Isère. Il mêle à sa narration, jamais complaisante, ses réflexions sur ce monde où violences et solidarités s’entremêlent, qu’il observe en luttant pour le traverser, et l’habiter.

Collection « Ces récits qui viennent » Dirigée par Stéphane BIKIALO, Marie COSNAY et Daniel SENOVILLA HERNANDEZ
Affiliée à « Littératures de Dacres », la collection « Ces récits qui viennent », se propose d’accueillir des récits autour du processus des migrations. Les acteurs et actrices des migrations auront eux-mêmes la parole. Il s’agira de prendre acte que ces récits peuvent apporter quelque chose de nouveau à la littérature et que la littérature peut apporter à ses auteurs une forme d’expression et de partage non conditionnée par les multiples enjeux de la vie en exil.