SAMEDI 16 MARS À 16 H, À LA MÉDIATHÈQUE DE SAINT-LAURENT-DE-LA-CABRERISSE (11220) : RENCONTRE, conversation, lecture, débat, AVEC LA ROMANCIÈRE LUCILE BORDES, À PROPOS DE SON ROMAN QUE FAIRE DE LA BEAUTÉ ? (éditions Les Avrils, 2022).

Lucile Bordes, est née le 28 mars 1971 et originaire de La Seyne-sur-Mer, dans le département du Var, où elle vit. Elle est enseignante-chercheuse en linguistique et maître de conférences à l’université de Toulon. Parallèlmeent à son activité » d’enseignante, elle est écrivaine.

Elle a fait des études littéraires à Nice puis à la Sorbonne. À la suite d’une thèse sur les rapports entre peinture et littérature au 17e siècle, elle devient enseignante en lycée puis à l’université.

Lucile Bordes

Lucile Bordes est issue d’une grande famille de marionnettistes, un univers qui inspira son premier roman, Je suis la marquise de Carabas édité en 2012. Une partie des marionnettes et décors de ses arrière-arrière-grands-parents est exposée au musée Gadagne de Lyon.
Lucile Bordes écrit depuis l’enfance, mais ne souhaite alors pas en faire un métier. À la suite d’une pause dans sa vie professionnelle, elle participe à des ateliers d’écriture à La Seyne-sur-Mer et se lance de nouveau dans l’écriture. Elle poursuit par une formation à l’animation d’ateliers et intervient dans des foyers d’animation populaire, des établissements scolaires et des médiathèques.
Un premier manuscrit non publié retient cependant l’attention chez Liana Levi. En 2012, son premier roman Je suis la marquise de Carabas est édité aux Éditions Liana Levi et récompensé la même année du Prix Thyde Monnier de la Société des gens de lettres (SGDL).
Son second ouvrage Décorama est lauréat en 2015 du Prix du deuxième roman de Laval.
En 2016, dans 86, année blanche, l’auteure raconte l’après-catastrophe nucléaire de Tchernobyl à travers le regard de trois personnages féminins entre la France, la Russie et l’Ukraine.
En 2022, Lucile Bordes publie 2 nouveaux livres : un roman, Que faire de la beauté? aux éditions Les Avrils, et un recueil de nouvelles, Aurélie et autres femmes sans nom aux éditions Thierry Marchaisse.

Bibliographie :
– Je suis la marquise de Carabas, Éditions Liana Levi , 2012. Bourse Thyde-Monnier de la SGDL 2012. Prix 2012 des lecteurs de la ville de Clichy.
– Décorama, Éditions Liana Levi, 2014. Prix du deuxième roman 2015
– 86, année blanche, Éditions Liana Levi, 2016
– Que faire de la beauté ? Éditions Les Avrils, 2022
– Aurélie et autres femmes sans nom, nouvelles, Éditions Thierry Marchaisse, 2022. Prix Place aux Nouvelles, 2023.

 

QUE FAIRE DE LA BEAUTÉ ? roman, éditions Les Avrils, 2022.

 Félicité a tout plaqué : le bord de mer, son mari, l’écriture… Désormais, elle vit seule dans un hameau de montagne. Rien à faire que mettre en fagots le bois, tailler les pommiers, regarder les ciels glisser sur les cimes et les soldats patrouiller à la frontière voisine. Une nuit, l’un d’eux frappe à sa porte. Alors le monde s’impose de nouveau. Reviennent les souvenirs et les mots, l’ombre d’un homme aimé, la beauté d’une dernière histoire à raconter.

L’écriture qui peut transformer le monde (critique de Babelio.fr, Henri-Charles Dahlem)
D’une plume soignée, Lucile Bordes raconte l’exil d’une femme face à un monde qui part à vau-l’eau. Félicité recherche le silence et la solitude. Jusqu’au jour où elle trouve un carnet et un stylo.
En passant du Bas-Pays au Haut-Pays, Félicité a changé de vie. Un choix dicté par un constat douloureux, le monde va mal. En mettant des oeillères, elle pourrait se dire qu’elle a un mari, un poste d’enseignante, qu’elle vit au bord de la mer, qu’il y a bien pire comme situation. Mais dès qu’elle pose un pied dehors et doit affronter un univers anxiogène. Si elle passe près d’une demi-heure à faire le plein de sa voiture, c’est en raison d’un mouvement social qui bloque les raffineries. À la télévision, elle a vu cette image de l’exploitant d’huile de palme qui a abattu un orang-outang. La folle qui vit dans sa voiture laisse à la peinture blanche des mots qui envahissent tout, comme ce bienvenue en grandes lettres devant le centre pour mineurs isolés qui pourrait bientôt accueillir des migrants dont personne ne veut. Non décidément, le monde ne va pas bien. Par inadvertance, elle a marché sur une lucane et la carapace écrasée de l’insecte la hante. Il se pourrait même que ce banal incident ait entrainé sa décision de changer de vie. Une nouvelle version du battement d’aile d’un papillon en quelque sorte.
Elle décide donc de «fuir ses semblables, de se mettre à l’écart du monde».
Quinze ans plus tard, là-haut, elle se souvient.
« J’avais alors quarante ans, un mari, un travail, une maison. Et quoi? Qu’est-ce que ça dit de moi? Je n’avais pas de plaisir. Tout me pesait.
L’écriture même était devenue un fardeau. J’aurais aimé qu’elle soit magique, qu’elle ait le pouvoir de modifier les choses, de leur donner du sens, mais elle n’était qu’un regard, rien de plus qu’une façon d’être. Je ne supportais plus son ambivalence. Qu’elle soit à la fois la preuve irréfutable de mon humanité et le signe flagrant de mon anachronisme.»
Désormais, le silence et la solitude seraient ses compagnons. Elle allait se délester du monde, de l’écriture.

Lucile Bordes découpe son roman en trois parties. Après le constat qu’elle situe en 2018, elle raconte la nouvelle vie de Félicité en 2033, avant de revenir en 2030, au moment où une rencontre va bousculer ses plans, faire vaciller ses certitudes. D’une plume délicate, elle va retracer cette quête, ce besoin vital de laisser une trace. Sans aucune certitude, mais avec l’intuition que les écrits restent. Qu’ils peuvent changer le monde. La force de la création serait-elle la réponse à la question du titre ?

AURÉLIE ET AUTRES FEMMES SANS NOM, nouvelles, éditions Thierry Marchaise, 2022 :
« Figure-toi, lecteur, lectrice, que je suis celle-là : l’autre. Celle par qui tout arrive, et d’abord le mauvais. Celle qui sépare ceux qui s’aiment, la dézingueuse de foyers. La coupable. La toute trouvée.
Alors l’histoire de la sainte belle-mère qui élève les enfants d’une autre, ce n’est pas à moi qu’on la fait. »
Qu’est-ce qu’être libre, pour une femme, hier et aujourd’hui ? En treize nouvelles qui ne s’interdisent ni la noirceur, ni l’humour, ni l’absurde, ce recueil dresse le portrait de personnages féminins en quête d’émancipation, au moment où leur vie bascule. On y croise un large échantillon de figures féminines, parfois récurrentes ou liées entre elles. Elles vont de Aurélie, la belle-mère condamnée à s’occuper des enfants des autres, à Rosa B., qui se réinvente en secret comme romancière et performeuse. En passant par la femme qui prend une journée à elle, celle qui « pète un câble », l’étudiante étrangère qui se marie pour de mauvaises raisons, la toute jeune fille qui vient d’être fauchée par une voiture… Le tout est subtilement construit et traversé d’un bout à l’autre par deux thèmes : le thème de la difficulté à avoir une vie à soi (aucune des femmes du livre n’a de nom de famille) et le thème de la biche, sorte de motif musical qui évoque tout à la fois la légèreté et la peur.

Lucile Bordes