SAMEDI 6 AVRIL 2024, À 16 H, à LA MAISON DU PARC DE RUSTIQUES (11800) : RENCONTRE AVEC LA ROMANCIÈRE MICHÈLE TEYSSEYRE, autour de son nouveau roman, Achille L., un peintre en hiver (éditions Serge Safran, 2023).

Le destin d’un peintre audois, ami du grand sculpteur Bourdelle.

Entrée libre et gratuite. Apéritif de clôture.

L’AUTEURE : MICHÈLE TEYSSEYRE :
Née à Toulouse en 1949, Michèle Teysseyre est écrivaine, critique d’art peintre et cinéaste.
Elle partage ainsi ses activités entre l’écriture (particulièrement autour de Venise et du patrimoine latin), les beaux-arts (surtout la peinture) et le cinéma.

Michèle Teysseyre

Après des études littéraires (Maîtrise Langues vivantes/Linguistique à l’Université de Toulouse-le-Mirail) puis un bref passage dans l’enseignement, elle se consacre à la création artistique.
De son intérêt pour l’Antiquité naît Saveurs et senteurs de la Rome Antique, livre consacré à l’art culinaire d’Apicius (2e expérience olfactive avec un parfum du ier siècle reconstitué par Jean Kerléo, parfumeur chez Jean Patou et fondateur de l’Osmothèque de Versailles), suivi de Fêtes romaines antiques avec la latiniste Danielle Porte (Paris IV Sorbonne) puis La saveur de Rome (vagabondage gourmand en terres latines).

Sa rencontre avec Venise est déterminante et lui inspire peintures, livres (chez Flammarion, l’Archange Minotaure, Centro Internazionale della Grafica di Venezia, Clairsud, etc.) et films. Elle séjourne fréquemment dans la ville, notamment pour ses travaux de recherche à la Biblioteca nazionale Marciana.

Son roman Moi, Veronica Franco, courtisane à Venise (Grand Prix littéraire de la Ville de Toulouse 2007) a inspiré la création musicale Musiques pour une courtisane vénitienne par l’ensemble Ritratto dell’Amore (Cartoucherie de Vincennes, 2011, Festival de Musique baroque de Pontoise, 2013).
Son deuxième roman La Tintoretta (soit Marietta Robusti) a fait l’objet d’une lecture musicale par le comédien Didier Sandre et l’ensemble baroque Les Passions (Journées Olympe de Gouges, Montauban, 2012).
Elle publie ensuite Monsieur Riquet, roman historique inspiré de la vie de Pierre Paul Riquet, créateur du Canal du Midi, puis Moi, Jean Pigasse, ouvrier du canal (éditions du Cabardès, 2017), qui raconte l’histoire du canal du Midi à travers la vie de l’un de ses ouvriers.
Elle est également co-auteur du film documentaire de Jean Périssé, La Fabuleuse Histoire de monsieur Riquet (2014), avec Bernard Le Coq en rôle-titre. Une fiction inspirée du roman Monsieur Riquet est en préparation, avec un scénario coécrit avec Jean Périssé.
Par ailleurs, elle anime des cycles de conférences, notamment sur la civilisation antique et Venise (Université Toulouse – Jean Jaurès).

LE ROMAN : ACHILLE L., UN PEINTRE EN HIVER (éditions Serge Safran, 2023)  :

« Te souviens-tu, Achille, de ce premier matin d’hiver à Paris ? Tu as débarqué sur le quai d’Austerlitz (à cette époque, la gare s’appelle encore « d’Orléans »). Ici, c’est déjà la foule. Les cris, la bousculade, les vociférations dans ce qui sonne comme une autre langue et qui n’est qu’un accent différent. La ville, tu la devines immense. Il fait froid, tu n’as qu’un maigre bagage, quasiment rien en poche et sur les épaules un vieux manteau. Mais à vingt ans on ne craint pas grand-chose, les batailles sont encore à gagner. » (P. 37).

Achille Laugé, né de parents paysans le 29 avril 1861 à Arzens (Aude), et mort le 2 juin 1944 à Cailhau (Aude), est un peintre et lithographe post-impressionniste français.
Il est aujourd’hui internationalement reconnu.

Michèle Teysseyre en a écrit une magnifique biographie romancée.

Novembre 1920. Réduit à l’inactivité par la mauvaise saison, Achille L. attend confirmation d’une importante commande. Face au silence de son client, le peintre exprime son désarroi dans les lettres qu’il adresse à son meilleur ami, le sculpteur Bourdelle. Cet exil revendiqué au fond de la campagne languedocienne n’est-il pas en train de se retourner contre lui ? Ne s’est-il pas coupé ainsi des bouleversements artistiques de son temps ?
Un siècle plus tard, un dialogue se noue entre l’artiste disparu et l’auteure, subjuguée par sa peinture lumineuse. Une quête inspirée qui la conduit des paysages d’Occitanie aux rives du Léman, en passant par Paris et Toulouse.
Une interrogation fiévreuse et mélancolique dans cette approche d’Achille Laugé (1861-1944), ce fils de paysans audois monté étudier les beaux-arts à Paris qui revint dans son petit pays pour ne plus le quitter. En laissant une œuvre profondément originale à laquelle Michèle Teysseyre rend un vibrant hommage.

CRITIQUE DE BABELIO (Zephirine, 3 février 2024) :

« Un coup d’œil rapide à la signature, d’un beau vermillon, avec ce drôle de A pour initiale, comme un bonnet de lutin barré d’une aile d’oiseau. Cette signature, vous ne l’oublierez pas. Vous la reconnaitrez entre mille. On dirait celle d’un enfant. »
En pénétrant par hasard dans un musée, Michèle Teysseyre est séduite par la peinture lumineuse d’un peintre audois, Achille Laugé.
La démarche de l’auteure est avant tout romanesque. Partant d’éléments palpables (lettres, tableaux…) elle comble les trous et se met en scène pour nous révéler cette rencontre improbable avec un artiste disparu.
Pour partir à la rencontre d’Achille Laugé, il faut se rendre à l’Alouette, cette modeste demeure du peintre, plantée dans la campagne audoise qui l’a vu naitre. Achille Laugé naquit en 1861 à Arzens. Il reviendra dans sa région après la mort de son père. C’est là qu’il se sent le mieux pour peindre cette nature où il trouve son inspiration.
En attendant les beaux jours, il écrit à ses amis chers comme le sculpteur Bourdelle, s’inquiète des commandes qui tardent, comme le printemps.
« Attendre le printemps, voilà toute sa vie. Aussi loin qu’il se souvienne, il ne s’est jamais lassé de sa lumière, du tremblement neigeux des amandiers en fleur. Ce sont eux qui l’annoncent en même temps que les derniers frimas. »
Achille Laugé est un peintre de plein air, alors, dès que le printemps pointe le bout de son nez, le voilà qui arpente la campagne et plante son chevalet pour peindre cette beauté éphémère qui ne cessera de l’émerveiller. L’or des genêts, la délicatesse des fleurs d’amandiers, la lumière qui varie, il n’aura de cesse de les faire vivre dans ses tableaux, simplifiant les formes et recherchant avant tout le naturel.
Loin de l’agitation parisienne et des salons qui le boudent, il préfère les paysages de sa région natale.
Son épouse, Marie-Agnès, est une femme discrète mais toujours à ses côtés. Ensemble, ils auront quatre enfants et il peindra très souvent son portrait.
« Mater familias, divinité tutélaire qui veille sur la maison…Toi, tu la peins en souveraine, assise en majesté dans la lumière d’aout. »

Tout au long de cette biographie romancée, Michèle Teysseyre nous fait découvrir l’oeuvre du peintre et la genèse de ses tableaux. On entre aussi dans l’intimité de l’homme, de son épouse attentive, « Marie-Agnès simple et solide ». On côtoie ses amis, artistes natifs du sud-ouest, comme lui. le sculpteur Bourdelle, bien sûr, mais aussi Maillol, Marre ou encore le toulousain Henri Martin, peintre postimpressionniste comme Laugé.
L’écriture de Michèle Teysseyre, tout en nuances, ressemble à ces tableaux impressionnistes, écriture intimiste et sans artifices qui s’approchent au plus près de son sujet. Elle a su écouter « la petite voix à [son] oreille » et instaurer un dialogue avec le peintre. Elle nous le rend proche et humain, et l’œuvre du peintre se confond avec la vie simple qu’il s’est choisie.
Un roman lu d’une traite et qui m’a donné l’envie de partir à la découverte de ce peintre trop méconnu.