SAMEDI 9 SEPTEMBRE 2023, À 17 H,
À RIEUX-MINERVOIS (SALLE DU CONSEIL MUNICIPAL, Place du Général Bousquet, AU CENTRE VILLE) :
RENCONTRE AVEC LA ROMANCIÈRE FLORENCE DELAPORTE, autour de son roman LES CHAMPS CAPTANTS (éd. Robert Laffont, 2023). Lecture de son recueil de nouvelles, De l’amour et du vin (à paraître octobre 2023).
Née à Rouen en 1959, Florence Delaporte est une traductrice et écrivaine. Elle fait ses études aux États-Unis (l’Université de Wayne State, 1979-1980), en Allemagne (l’Université de Fribourg-en-Brisgau, 1980-1981) puis en France (master lettres modernes, Universités de Bordeaux et de Poitiers).
Elle est l’auteure de 11 livres dont 9 romans ou récits, 3 livres de littérature pour la jeunesse, doint une traduction Petties Alice aux merveilles de Lewis Carroll.
Elle publie son premier livre, Sœur Sourire. Brûlée aux feux de la rampe, en 1996. Je n’ai pas de château, son premier roman, obtient le Prix Wepler 1998.
eEnfin, un recueil de nouvelles, De l’amour et du vin paraît en octobre 2023, chez L’Ire des marges.
Elle publie en 2016, suite à sa maladie, un récit autobiographique, Deux livres de chair.
Elle écrit aussi des textes pour la radio, pour la jeunesse et pour la peinture. Elle a été récompensée par de nombreux prix et a reçu plusieurs bourses du CNL. Elle a été en résidence à Luciole : L’Université Itinérante à la Campagne tout au long du mois de février 2019.
Florence Delaporte vit à Limoges où elle travaille comme Responsable Lecture Publique à l’ALCA Nouvelle Aquitaine (Centre régional du Livre et du Cinéma) depuis 2014.
LES CHAMPS CAPTANTS (Éd. Robert Laffont, 2023)
Des amours plurielles, une île chatoyante, une maison aux pouvoirs magiques, des destins croisés.
On pouvait vivre aux Champs captants un moment de perfection, comme l’émotion que procure le partage d’un tendre aveu. La présence profonde, intime, d’un amour inconditionnel de l’existence que l’on souhaitait depuis toujours et que l’on accepte enfin.
Pia renverse en voiture un vieil homme et décide de rester à son chevet. Comme elle, Henri est seul. Pourtant, il a aimé deux femmes, rencontrées dans une maison de plaisir, sur les Champs captants, une île sauvage du Rhône. Leur histoire fut hors du commun… jusqu’à ce que le destin s’en mêle.
Pia, qui n’avait d’yeux que pour le matériel et le paraître, s’ouvre au silence. Parviendra-t-elle à se défaire de quelques oripeaux et à se pardonner ?
Un jour, dans le logement décrépit qu’elle vient de louer, elle découvre un carton abandonné. Et s’il la menait jusqu’aux Champs captants ?
Florence Delaporte dépeint, avec une écriture envoûtante, les amours plurielles, la mémoire des murs et la renaissance d’une femme.
LES CRITIQUES FONT L’ÉLOGE DU LIVRE :
Article de Marie-Pierre Quintard, revue de l’ALCA (Agence du Livre Nouvelle Aquitaine) :
En compositrice virtuose, Florence Delaporte maîtrise l’orchestration de son onzième roman, Les Champs captants. Une symphonie littéraire rythmée en quarante-six chapitres, comme autant de chants qui font résonner et s’entrecroiser des voix multiples. Un mouvement qui va crescendo à mesure que les personnages entrent en scène…
Henri, sexagénaire élégant et usé, a dévoué une grande partie de sa vie à sa passion pour les femmes, à l’absolu du sentiment amoureux auquel il a tout sacrifié (enfants, travail, argent…).
Pia est une femme encore jeune, meurtrie par l’échec de son mariage. Délaissée, elle se réfugie dans les apparences et la matérialité avant d’entamer un long processus de reconstruction.
Deux histoires, deux destins qui vont se percuter. Une vie s’éteint quand une autre renaît. Lorsque Pia rencontre Henri, dans des conditions dramatiques – elle le renverse en voiture –, il s’opère comme un transfert d’énergie à la faveur de cette femme dont l’existence est en train de chavirer : « Quelque chose a basculé dans l’irrémédiable et se renverse. La tête vide, elle serre les mains d’Henri dans les siennes, et toute envie de se battre la déserte. La force qui provient de cet homme endormi la soulève. […] Une envie folle de se jeter dans l’inconnu… » Passé et présent se rejoignent à travers ces deux personnages et les lieux qu’ils habitent, des maisons et des paysages qui sont eux aussi au cœur de l’intrigue. C’est d’ailleurs par la description d’une île, sauvage et mystérieuse comme celle de Pierre Benoit, que l’on pénètre dans cette histoire. L’île, qui « s’étend entre le Vieux Rhône et son canal », est un monde préservé et accessible aux seuls initiés. Principale source d’alimentation en eau potable de l’agglomération lyonnaise, dans la fiction comme dans la réalité, grâce à ses « cent quatorze puits creusés dans la gravière jusqu’aux nappes phréatiques », qui lui donnent son nom et le titre du roman, elle est aussi une réserve faunistique et floristique exceptionnelle. Elle en devient un objet de convoitise et de spéculation, mais elle est protégée…
Elle le fut, autrefois, par les braconniers qui chassaient dans les « lônes » et égaraient les visiteurs trop intrépides. Elle l’est encore lorsqu’Henri la découvre, par le gardien et le passeur qui en contrôlent l’accès. C’est en barque et en pleine nuit qu’Henri accoste pour la première fois sur ses rives : un passage initiatique qui le mènera jusqu’à La Folie, une maison du XVIIIe siècle « aux fioritures de pierres sur une façade ornée de plantes grimpantes » d’où émanent des parfums de libertinage. Une impression confirmée à peine on pénètre dans ce lieu de plaisirs aux accents kubrickiens, tenu depuis vingt ans par Simone, une femme d’âge mûr que l’on imagine rompue aux plaisirs de la chair. Elle y défend une certaine conception hédonique de la vie, dans une parité des rôles : « Nous consolons [les femmes] d’être belles, du fardeau que c’est dans un monde tout entier construit pour le regard des hommes. Elles peuvent enfin s’en débarrasser et sortir de cette gangue où on les enferme. Le regard masculin […] qui dicte jusqu’à nos mouvements les plus intimes […], ici, les hommes ne l’imposent plus. Ils comprennent très vite où ils sont. C’est la maison. Elle filtre. » Une gentilhommière à la sensualité envoûtante qui deviendra le pivôt de la vie d’Henri… Il y trouvera et s’y consumera dans un amour non conventionnel avec deux femmes, Élise et Fanny ; une relation passionnelle à trois dans laquelle il se plonge durant sept années qui feront « le suc de toute [sa] vie »…
En contrechamp de ce lieu de bonheur, où les grands miroirs anciens reflètent l’âme de ceux qui y vécurent, il y a « la maison de ville », où dépérit la femme malade et abandonnée d’Henri avant que n’y emménage Pia, quelques années plus tard. La jeune femme s’installe entre ces murs de tristesse qui lui renvoient le vide de sa solitude : « En écho à ce qu’elle est, les papiers peints malades ; en écho, ses pas sur les marches en pierre, sur les parquets bruyants. » Mais à mesure qu’elle renaît à la vie – et à l’amour –, Pia aménage et transforme ce lieu à son image, comme Henri le fit avec La Folie. Nombreux, d’ailleurs, sont les parallèles entre ces deux personnages. Tel un jeu de piste savamment orchestré, Florence Delaporte dissémine dans le récit quelques indices qui créent peu à peu le lien entre leurs deux destinées : des ressemblances, des livres, des pots de peinture, des photographies, des roses rouges…
Henri et Pia finiront par rejeter toute convention sociale pour pouvoir vivre pleinement leur véritable identité. Un éloge de la liberté et de la sincérité, où les rencontres amoureuses sont des évidences, comme les vérités fulgurantes qui parcourent le texte. L’écriture de Florence Delaporte sonne vrai, à l’image de l’authenticité des personnages qu’elle anime.
Article Des Champs captants pleins de promesses, Le Populaire du Centre (Limoges) 04/06/2023
Une femme en colère qui renverse en voiture un vieux monsieur moins solide qu’avant : l’histoire pourrait être triste, ou vulgaire. Il n’en est rien. C’est autre chose que raconte Florence Delaporte dans son dixième roman, Les Champs captants.
Il a été beau, Henri. Il a vieilli. Il conserve malgré tout une belle élégance et met un point d’honneur, chaque jour, à se rendre chez un commerçant du quartier.
Elle a été heureuse, Pia. Elle ne fait pas partie de la haute société, mais elle est belle, diplômée, talentueuse, a épousé un fils de bonne famille.
Il a beaucoup aimé, Henri. Mélanie, Annie, Sophie. Et d’autres, que la Folie des Champs captants, sur l’île sur le Rhône, a mis sur sa route. Et puis un jour, il a été un homme seul.
Elle a beaucoup aimé Hugues, Pia. Et puis un jour, son mari architecte a passé de plus en plus de temps sur son voilier, avec ses sponsors, en mer. Et elle est devenue une femme divorcée.
La rencontre d’Henri et de Pia a été terrible. Venant de tout perdre, Pia a renversé Henri, dont le cœur était fatigué, avec sa voiture. Pia l’a emmené à l’hôpital, lui a tenu la main, a enfin pleuré. Et a commencé une autre vie.
Un roman et comme une envie d’autre chose
Florence Delaporte aurait pu livrer une histoire triste, voire terne, sur ces deux personnages devenus seuls, l’un sentant bien que son cœur n’est plus en bon état, l’autre désormais sans argent, licenciée sans merci par « trois quadragénaires (…) mandatés par l’entreprise, hautains, indifférents, efficaces, parfumés ». Son roman est au contraire lumineux et mène à l’espoir, à l’envie d’autre chose. C’est un peu comme si, au-delà des malheurs des deux personnages, on voyait leur vraie (bonne) nature.
Qu’il s’agisse d’Henri qui se laisse entraîner un soir dans la Folie des Champs captants, une maison de plaisir sur une île du Rhône, ou de Pia qui va comprendre qu’il existe une vie beaucoup plus intéressante que celle de bourgeoise sachant recevoir et paraître, c’est bien l’amour, les amours plurielles, la renaissance, l’identité qu’explore Florence Delaporte. Avec une très belle écriture et un beau rythme.
Quand Pia trouve un carton abandonné dans son nouveau logement, qui sait où il va la mener ? Aux Champs captants peut-être. A la Folie peut-être. A une nouvelle vie peut-être. Et Henri, quelle a été son existence ? Est-il seulement ce vieux monsieur riche et seul ?
Les Champs captants, c’est comme un chant. D’ailleurs, les chapitres s’intitulent quasiment tous « Chant… », comme autant de couplets concernant l’un ou l’autre des personnages. Un chant à deux voix ou à un peu plus. Ce roman aux personnages attachants, aux destins croisés, est apaisant.
Librairie La Griffe noire
Des amours plurielles, une île chatoyante, une maison aux pouvoirs magiques, des destins croisés. On pouvait vivre aux Champs captants un moment de perfection, comme l’émotion que procure le partage d’un tendre aveu. La présence profonde, intime, d’un amour inconditionnel de l’existence que l’on souhaitait depuis toujours et que l’on accepte enfin. Pia renverse en voiture un vieil homme et décide de rester à son chevet. Comme elle, Henri est seul. Pourtant, il a aimé deux femmes, rencontrées dans une maison de plaisir, sur les Champs captants, une île sauvage du Rhône. Leur histoire fut hors du commun… jusqu’à ce que le destin s’en mêle. Pia, qui n’avait d’yeux que pour le matériel et le paraître, s’ouvre au silence. Parviendra-t-elle à se défaire de quelques oripeaux et à se pardonner. Un jour, dans le logement décrépit qu’elle vient de louer, elle découvre un carton abandonné. Et s’il la menait jusqu’aux Champs captants. Florence Delaporte dépeint, avec une écriture envoûtante, les amours plurielles, la mémoire des murs et la renaissance d’une femme.