Samedi 7 décembre 2019, à 17 h 30, à l’Espace culturel de Barbaira :

Rencontre avec l’écrivain suisse Daniel de Roulet, autour de ses deux derniers livres : Dix petites anarchistes (Buchet Chastel, 2018) et À la garde. Lettre à mon père pasteur (Labor & Fides, 2019)

DANIEL DE ROULET :

Daniel de Roulet né à Genève en 1944 est un écrivain suisse de langue française.Il est le fils d’un pasteur protestant et a passé son enfance à Saint-Imier dans le Jura suisse. Il a été architecte et informaticien. Depuis 1997, il est écrivain à plein temps.

Daniel de Roulet a été fiché et observé par les autorités fédérales durant plusieurs années (voir le « scandale des fiches »), après avoir signé une pétition en faveur des objecteurs de conscience. Son livre Double paru en 1996 est basé sur cette expérience.

Le 5 janvier 1975, Daniel de Roulet a incendié le chalet du magnat de la presse allemande Axel Springer situé sur un alpage au dessus de Rougemont. Il a rendu publique sa responsabilité dans le livre Un dimanche à la montagne paru en 2006, après le délai de prescription. À l’époque Springer était considéré comme un nazi comme le constate son biographe.

De 2008 à 2011, Daniel de Roulet est membre du collectif d’écrivains Bern ist überall (« Berne est partout »). Lui et Noëlle Revaz apportent de nouvelles « couleurs » aux langues du collectif.

Il a publié un cycle romanesque constitué de dix romans. Ils retracent, à travers l’histoire de deux familles, l’épopée du nucléaire qui va d’Hiroshima à Fukushima, du triomphe de la science à la mise en cause de sa démesure. Ce cycle a fait l’objet d’un essai de décontraction/reconstruction à l’École polytechnique fédérale de Lausanne.

Il est par ailleurs l’auteur de nombreuses chroniques de voyage et d’essais critiques autour de la notion de « mondialité » qui est pour lui, au contraire de la mondialisation, le côté positif de la nouvelle donne contemporaine qui permet d’envisager une suite à la modernité, qu’il s’agisse de l’écriture ou de la politique des biens communs.

Ses livres sont régulièrement traduits en allemand, anglais, italien et espagnol. Nombre d’entre eux ont reçu des prix.

  • La Routine infernale, 1981
  • À nous deux, Ferdinand, 1991
  • Virtuellement vôtre, 1993
  • La Vie, il y a des enfants pour ça, 1994
  • La Ligne bleue, 1995
  • Bleu Siècle, 1996
  • Double, 1998
  • Gris-bleu, 1999
  • Courir, écrire, 2000
  • La Danseuse et le chimiste, 2002
  • Nationalité frontalière, chroniques, 2003
  • Jules en Amérique, 2003
  • L’Envol du marcheur, 2004
  • Malcolm X : par tous les moyens nécessaires, 2004
  • La Nouvelle Conférence de Wannsee, 2004
  • Chronique américaine, 2005
  • L’Homme qui tombe, 2005
  • Un dimanche à la montagne, 2006
  • Kamikaze Mozart, 2007
  • Le Silence des abeilles, 2009
  • Esthétique de la course à pied, 2010
  • Tu n’as rien vu à Fukushima, Buchet-Chastel,2011
  • Fusions, Buchet-Chastel, 2012
  • Écrire la mondialité, La Baconnière, 2013
  • Légèrement seul, Phébus, 2013
  • Le Démantèlement du cœur, Buchet-Chastel, 2014)
  • Tous les lointains sont bleus, Phébus, 2015,
  • Terminal terrestre, éditions d’autre Part, 2017
  • Quand vos nuits se morcellent, Lettre à Ferdinand Hodler, Zoé, 2018
  • Dix petites anarchistes, Buchet-Chastel, 2018
  • À la garde. Lettre à mon père pasteur, Labor et Fides, 2019

À propos des Dix petites anarchistes, Buchet Chastel, 2018 :

Dans la petite ville suisse de Saint-Imier, la population subsiste tant bien que mal, vivotant de l’industrie horlogère qui n’a encore rien de luxueux. Les femmes souffrent particulièrement de la précarité, voire de la misère.
En 1872, la visite de Bakounine, encore plein de l’ardeur de la Commune de Paris, éveille les consciences… et en juin 1873, c’est le grand départ. Huit femmes âgées de 17 à 31 ans, accompagnées de neuf jeunes enfants embarquent sur La Virginie, le navire qui emporte les déportés de la Commune, parmi lesquels Louise Michel.
De Punta Arenas en Patagonie jusqu’à Buenos Aires, en passant par l’île de Robinson Crusoë, ces femmes tentent de mettre en place une communauté où règnerait « l’anarchie à l’état pur ». Aux côtés de Valentine, Mathilde, Jeanne ou Lison, nous vivons les amours, les naissances, les morts et les luttes sociales ; nous y expérimentons la survie dans une nature aride ou les petits métiers de l’artisanat dans les grandes villes…
Epopée, roman historique, panorama politique de la fin du XIXe siècle : ce récit est tout cela à la fois. Mais aussi, et surtout, une formidable et émouvante collection de portraits de femmes fortes dans un monde d’hommes, qui prouvent que l’utopie peut être un principe de vie.

LA PRESSE EN FAIT L’ÉLOGE :

« Daniel de Roulet signe un roman qui a la force et l’évidence des bonnes idées et la précision ensorcelante d’une comptine. » Le Temps

« Un récit magnifique sur l’engagement, le courage et l’exil. » RTS La Première

« Mené de main de maitre, ce roman historique qui tient de l’épopée libertaire. » Terre et Nature

« Daniel de Roulet saisit la rencontre entre un élan vital et un concept, tâche de capter une force vive qui s’appelle le besoin de Liberté, qui est plus qu’un goût, une soif, un espoir, une vie loin de la théorie et loin de la grande Histoire, écrite par les vainqueurs. L’écrivain y parvient par la grâce de son talent et par un travail de documentation tangible ». En attendant Nadeau

« Cette fiction est vive, marrante, documentée. Enfin des horlogères qui ont su remettre les pendules à l’heure. » Le Canard Enchaîné

Daniel de Roulet remet au goût du jour l’utopie dans ce qu’elle peut avoir de plus noble, car il n’est « pas besoin de réussir pour garder espoir ». Le Matricule des Anges

À propos de À la garde, lettres à mon père pasteur, Éd. Labor & Fides, août 2019 :

A 97 ans, la mère de l’auteur annonce qu’elle va mettre fin à ses jours. La date et l’heure sont fixées. Pendant les quinze jours qui précèdent cette mort programmée, l’auteur adresse une lettre quotidienne à son père, pasteur décédé six ans plus tôt. Né à Genève et de tradition calviniste, ce père admet volontiers qu’on peut perdre la foi, mais moins volontiers qu’on manque de réponse face au scandale de la mort.
Dans l’abondante littérature pastorale depuis Gide, la figure du pasteur est celle d’un être tourmenté et peu sympathique. L’auteur rend hommage à son père pour avoir su exercer un ministère si différent. Ainsi, la culture calviniste qu’il lui a transmise apparaît pour le fils comme l’apprentissage en douceur d’un monde sans Dieu ni Maître.

LA PRESSE EN FAIT L’ÉLOGE :

Confessions orphelines. – Daniel de Roulet, écrivain suisse d’expression française, accompagne sa mère décidée à quitter le monde par suicide assisté. Le récit de ces quelques semaines de juillet se fera au travers du père de l’auteur, lui-même pasteur, décédé quelques années plus tôt. La narration pudique mais sans concession de cette mort programmée (légalement possible dans la Confédération) prend le lecteur à la gorge, qu’il soit favorable ou non à la procédure. L’auteur en profite pour régler quelques comptes avec son pays ainsi qu’avec sa jeunesse, tout en tentant d’établie une relation apaisée avec le calvinisme parental et l’athée qu’il est devenu et reste, malgré l’expérience de la fin. Ces courtes « confessions » s’inscrivent dans une tradition littéraire qui met en scène des pasteurs protestants, depuis La Lettre écarlate, de Nathaniel Hawthorne (1850), et La Symphonie pastorale, d’André Gide (1919). Tendre et troublant. Nicolas Weill, Le Monde, 30 août 2019

Le livre est aussi la cérémonie des adieux pour sa mère. Le suicide assisté est légal en Suisse ce qui n’est malheureusement pas (encore) le cas en France, pays de tradition catholique. Serge Dumont, Le Progrès, 22.09.2019

Là où Hodler choque, de Roulet signe un baume, une oraison païenne. Top pudique, trop délicat ou vivant pour se contenter d’archiver son chagrin, il profite d cette cohabitation subie avec la mort pour transformer l’épreuve en appel à la vie. Salomé Kiner, Le Temps, 5.10.2019

La prose laisse deviner l’émotion sans appuyer outre mesure. Elle questionne avec justesse les fondements d l’éthique protestante, interroge la neutralité helvétique, confronte l’éros païen et l’agapè chrétienne. Maxime Maillard, Le Courrier 27.9. 2019

Daniel de Roulet raconte à son père pasteur la mort de sa mère à travers 16 lettres pudiques et émouvantes. Isabelle Falconnier, Le Matin Dimanche, 15.9.2019

La mort, le suicide assisté, l’héritage calviniste. C’est un petit livre qui en dit long sur les questions essentielles. François Vercelletto, Ouest-France, 20.9. 2019